La planète a besoin de repos, les femmes et les hommes aussi…

(Intervention d’EÉLV au meeting unitaire de la NUPES Vaucluse)

 

"Je vais concentrer le propos sur la situation des femmessur l’espérance de vie, la pénibilité, et j’ose le dire « sur le sens profond du travail » et de nos vies. Commençons donc par la moitié de l’humanité, les femmes, amies, compagnes, amantes, filles mères grand-mères … et je regrette sincèrement à ce propos que nous n’ayons pu assurer la parité sur cette estrade, Nos excuses les plus plates. Ça ne se reproduira pas.

 

Les hommes au travail gagnent 22 % de plus que les femmes. Mais à la retraite l’écart est encore plus criant : 40% ! Les hommes gagnent 40 % de plus à la retraite que les femmes.

 Vous trouvez ça normal ? C’est inacceptable.

 

Cette inégalité criante est aggravée par les carrières plus courtes des femmes. A l’arrivée d’un enfant, face au manque de modes de garde, nombre d’entre-elles passent à temps partiel ou abandonnent leur métier. Et pour celles qui, ont travaillé avec des sous-statuts ou sans être déclarées notamment les agricultrices ou les artisanes, ce sera la double peine avec l’allongement de la durée de cotisation et de l’âge du départ à la retraite.

 

Pour le calcul de la retraite, la règle du salaire annuel moyen à partir des 25 meilleures années est injuste, injuste vis-à-vis et de celles et ceux qui ont des emplois précaires ou des carrières à trou : majoritairement des femmes.

 

C’est pourquoi EÉLV, et je suppose que les autres organisations nous suivront sur ce point : 

Nous proposons de baser le calcul, non plus sur les 25 meilleures années, mais sur les 100 meilleurs trimestres, ou qu’ils soient placés dans le parcours professionnels des actifs. Cette modification toute simple rendrait le calcul plus équitable pour tous ceux et surtout toutes celles qui ont des carrières à trou, courtes ou hachées, par des périodes de chômage, d’inactivité ou de maladie…

 En finir avec l’écart de salaire entre les hommes et les femmes entrainerait mécaniquement une augmentation de leurs cotisations retraite et donc ça équilibrerait d’autant plus le budget Retraites.

Alors, qu’attends-t-on pour rétablir l'égalité salariale entre les 2 sexes

Le dégel… ou la révolution ?

 

Travailler jusqu’à 64 ans pendant 43 ans, c’est une punition ! 

Pour la NUPES, aux côtés des citoyenn e·s et des syndicats unis, c’est la retraite à 60 ans, à taux plein, et après 40 annuités de cotisations.

Deux ans de travail, voire 4 de plus, c’est autant de moins sur notre reste à vivre. 

Les riches vivent plus longtemps que les pauvres, ça on le savait, 

 

Mais il y a certains chiffres qui remettent les pendules à l’heure, qui hérissent le poil ou qui font froid dans le dos : 

-    60;  à 64 ans, 29% des hommes parmi les 5 % les plus pauvres sont déjà morts. 
En revanche, c’est à 80 ans que 30% des 5% les plus riches auront disparu.
64 ans d’un côté, 80 de l’autre, chercher l’erreur !

-    Après cette réforme, c’est environ 9 000 personnes de plus, chaque année qui mourront sans retraite, Et alors qu’ils et elles auront cotisé toute leur vie, pour rien.

-    Le risque des retraites courtes va passer de 17 à 21% et à 42% pour les plus pauvres.

 

Elle est ou l’égalité martelée sur le fronton de nos mairies ? 

Aux oubliettes !

 

En 2021, A 61 ans, moins d’une personne sur deux travaillait, un quart était en retraite anticipée et un quart « sans emploi ni retraite ». La réforme allongera leur précarité. Ils et elles resteront plus longtemps au chômage ou au RSA et avec moins de revenus depuis la réforme du chômage de 2022.

Et ce que le gouvernement prendra d’un côté en grattant sur les 2 ans, il devra le payer de l’autre en chômage ou RSA pour les séniors.

 

Passer la retraite de 62 à 64 diminuera notre « reste à vivre ».

L’espérance de vie à la retraite a baissé et baissera encore, Ainsi elle était de 25 ans sous Sarkozy, aujourd’hui elle est de 24 ans et elle devrait passer à 23 en 2030.

 

Et on veut nous enlever 2 ans voir plus ?  C’est inacceptable

L’espérance de vie, c’est bien, mais l’espérance de vie en bonne santé, c’est mieux.

La durée de vie moyenne en bonne santé est, en France, juste en dessous de la moyenne européenne, mais de 10 ans inférieure à celle de la Suède. En France un ouvrier vit 10 ans de moins en bonne santé qu’un cadre.

Ça non plus ça n’est pas normal.

 

Cette réforme serait très lourde pour les carrières les plus longues, notamment pour celles et ceux qui ont commencé à travailler avant l’âge de 22 ans. Et il s’agit souvent de métiers difficiles, physiquement pénibles et techniques. Avec ce, gouvernement, un ou une jeune qui aura commencé à 16 ans devra travailler 44 ans !

 

Pour nous, pénibilité doit rimer avec départ anticipé.

Nous souhaitons un départ possible plus tôt pour les carrières longues et le rétablissement des quatre critères de pénibilités qu’E. Macron a supprimé scandaleusement en 2017 :

-    exposition à des agents toxiques, 

-    vibrations mécaniques, 

-    port de charges lourdes, 

-    postures pénibles. 

 

On entend partout la ritournelle gouvernementale : on vit plus vieux c’est tout à fait normal d’augmenter l’âge de départ à la retraite.

 

Le partage de la longévité ne justifie pas les 2 ans de plus, pourquoi ? : 

-    Parce que bon nombres des babyboomers sont déjà à la retraite et que l’impact de leur arrivée à la retraite se résorbera naturellement à partir de 2034… (après 2034, le nombre de retraités diminuera ou augmentera beaucoup moins). Ainsi les prévisions indiquent qu’il y aurait 930 000 babyboomers nés en 72 qui prendraient leur retraite en 2034 et en revanche, ceux nés en 76 seront seulement 795 000, soit 135000 de moins)

-    Parce que l’évolution démographique doit toujours être croisée avec les gains de productivité. Aujourd’hui, un travailleur produit beaucoup plus de richesses qu’il y a 30 ans. Donc d’autres leviers sont utilisables que celui de l’âge de départ.

 

Alors franchement, à lister tous ces faits, cela devient indécent d'entendre ces nantis , avec leurs EDL formatés qui ont des métiers qu'ils aiment, moins fatigants et valorisants,  avec de bons salaires, des loisirs énergivores dans lesquels ils s'éclatent, et qui foutent en l'air la planète, et qui expliquent à la plèbe : « Mais Tkt c’est le pied de bosser, c’est Kiffant !... et pour ta retraite, TKT Un an ou deux dans une vie, c’est rien du tout ! »

 

Aucun d’entre-eux n'a même pensé à la pénibilité psychologique, et nous écolos et à gauche on n’insiste pas assez sur ce point ... avec nos "Burn out" et nos dépressions, nous français, sommes parmi les plus gros consommateurs d'antidépresseurs... La souffrance psychologique est très lourde parce que pour beaucoup aller, au boulot en pleurant ou la boule au ventre, c'est juste plus possible.

(34 % des salariés français seraient en burn-out, et parmi eux 13 % en burn-out qualifié de « sévère » (soit plus de 2,5 millions de personnes). (Opinion way))

 

Cette réforme fait payer aux classes moyennes et défavorisées par la santé et par le corps le ruissellement financier colossal vers les entreprises : 

-    Total annonce un bénéfice record de 20 milliards pour 2022,

-    l’état verse 156 milliards par an aux entreprises sans aucune contrepartie sociale ni environnementale,

-    Emmanuel Macron augmente le budget de l’armée de 30 % jusqu’en 2030

 

Et il serait impossible de trouver 10 ou 12 milliards d’euros sans allonger l’âge de départ par an pour équilibrer les retraites. Mensonge !

 

Elle est ou la fraternité martelée sur le fronton de nos mairies ?

Aux oubliettes !

 

Nous, nous préférons le partage du travail, les 32h sur 4 jours (350 000 emplois) et les cotisations retraites qui vont avec, l’ISF climatique et la taxe sur les super profits.

Alors pour finir et dans ces conditions, à quoi sert le progrès s’il n’est pas destiné à réduire la peine des hommes et des femmes ? 

Dans ces conditions, à quoi bon perdre sa vie à la gagner ?

On peut se poser la question !

 

En tant qu’écologistes nous ne pouvons accepter ce fatalisme qui consiste à dire qu’une part importante de notre vie doit nécessairement être passée au travail contraint. Au contraire, nous l’interrogeons le travail… sur sa durée, son partage et sa finalité

 

Et puis le temps qui est utile et qui contribue au bonheur, c’est aussi le temps passé à ne rien faire, ou à participer à des activités non lucratives, la plupart des temps associatifs qui ont un rôle essentiel pour le vivre ensemble ne sont pas comptabilisées dans le sacro-saint PIB. Et d’ailleurs si les économistes les comptaient, ces millions d’heures bénévoles, nous serions parmi les plus « riches ». 

 

Cette réforme repose donc sur un impensé social et climatique : elle est fondée sur le mythe de la croissance infinie : travailler plus pour produire plus pour consommer plus, à contre-courant de la sobriété que nécessite l’urgence climatique.  Alors que nous entrons dans l 9;ère de la post croissance et que nous sommes face à un effondrement qui est l’horizon de nos générations et le début de notre avenir, le gouvernement n’a recours qu’à des recettes inégalitaires et hyper productivistes.

 

Si ça continue, en plus des 2,5 millions de salariés qui sont en burn-out, c’est la planète qui risque le blackout. 

Au contraire, nous, ce que nous voulons, c’est ralentir,  travailler moins pour travailler toutes et tous et dans de meilleures conditions, profiter de notre temps non contraint,  tout au long de notre vie.

 

C’est possible, il faut juste du courage politique pour parvenir à l’égalité, et nous n’en manquons pas.

 

Restons unis et nous y parviendrons

La planète a besoin de repos, les femmes et les hommes aussi…

Je vous remercie”

 

Sources chiffrées : Conseil d’Orientation des retraites (COR), Oxfam, institut Montaigne, Insee

 

Serge Marolleau

Porte-parole d’EÉLV du Vaucluse

Le 10-02-2023

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