Pourtant… Le modèle World3 publié dans le rapport Meadows en 1972 rendait compte de l’évolution à l’échelle planétaire des ressources non renouvelables, de la nourriture, de la population, de la production industrielle, des services, et de la pollution entre 1900 et 1970. Les prédictions de ce rapport ont été à peu près vérifiées pour la période 1970-2000.

Ce modèle prédit une décroissance de la nourriture, des services, de la production industrielle suivis d’un déclin de la population à partir de 2030. Avec une marge d’erreur estimée à 5 ans, il n’y a pas de raison que ce modèle ne soit pas vérifié par les faits. Ce déclin pourrait être qualifié d’effondrement économique.

Nous croyons utile de faire la distinction d’avec l’effondrement de l’écosystème planétaire, qui n’était pas pris en compte dans le modèle World3. Cet effondrement écologique a déjà commencé (changements climatiques, perte de biodiversité, remise en cause de l’habitabilité de la planète) mais il est caractérisé par des à-coups (ce que les érudits nomment criticalité auto-organisée), ce qui rend son évolution future beaucoup plus difficile à prévoir.

Cette situation a plusieurs conséquences : une d’entre elles est d’admettre que des changements très importants vont avoir lieu dans la distribution de la population mondiale et de ses ressources, indépendamment des souhaits politiques traditionnels et quels que soient les résultats des élections.

Cette échéance peut être abordée de deux manières principales, un survivalisme d’extrême droite ou au contraire l’entraide, une mobilisation solidaire. Dans les deux cas on peut prévoir que l’échelon politique principal sera local. Un de nos buts peut ainsi être de préparer et promouvoir la mise en œuvre des solidarités, particulièrement des solidarités locales.

Ce but ne peut bien entendu être poursuivi sans une coopération avec les mouvements qui ont les mêmes objectifs. En ce qui concerne les décisions au niveau national et supranational, nous conservons la responsabilité de poser comme un conflit majeur l’opposition entre destructeurs et défenseurs de l’habitabilité de la planète.

Les Journées d'été des écologistes 2023 passent complètement à côté de cet enjeu majeur et participent à nous éloigner toujours des mouvements associatifs et citoyens comme Les Soulèvements de la Terre…

Soulevons-nous ! Indignons-nous ! (Ré)agissons !

Notre écologie est environnementale, sociale, anticapitaliste et antiproductiviste. Nous sommes à la fois les collapsos, post-croissant·e·s et la gauche libertaire d’EÉLV. Issu·e·s des champs comme des villes, de tous milieux, nous sommes pour la plupart adhérent·e·s de longue date mais aussi jeunes militant·e·s radicaux activistes non violent·e·s et zadistes. Nous prenons soin de la Terre. Nous prenons soin des gens. On se retrouve pour parler effondrement, éthique et gauche ?

« Si quelque serrure allait mal, il l'avait bientôt démontée, rafistolée, huilée, limée, remontée, en disant :  Ça me connaît ».  À la manière de Balzac dans le Père Goriot, en remplaçant “serrure” par “chaudière”, on pourrait dire de Christian Lammens : « le bâtiment, ça le connaît ». Plombier, électricien, mais aussi maçon, couvreur, carreleur, menuisier, il en a des maisons au compteur. Au Parlement européen ça peut servir. Non pas pour suppléer les techniciens de maintenance, mais pour mettre en phase le politique avec les préoccupations concrètes des citoyen·e·s de manière pragmatique. Premier adjoint au maire de son petit village de montagne Pyrénéen, la ruralité, la désertification, le manque de tout (transport, santé, culture, emploi…), ça le connait aussi. Co-fondateur d’un lieu culturel dédié au texte, lire, écrire, chanter Brassens ou dialoguer avec “La Reine Garçon”, voilà ce qu’il aime et voilà une dimension qu’il compte apporter au groupe des Verts. C'est le portrait de Christian Lammens.

705 député·e·s européen·e·s, dont 79 Français·e·s, dont 12 Vert·e·s, voilà en chiffres comment se présente le Parlement européen aujourd’hui. EÉLV place la barre plus haut pour la prochaine mandature avec un objectif de 16 (et pourquoi pas plus ?). Les adhérent·e·s ont validé début juillet la proposition du “comité de consensus d'EÉLV”, qui a établi la “short-list” de nos candidat·e·s au Parlement européens : 7 sortant·e·s et 9 nouvelles et nouveaux. Une place, la huitième dans le collège homme, a été attribuée à la motion RÉBELLION ! CONSTRUCTION. Après un appel à candidature et vote en interne de notre sensibilité, c’est Christian Lammens qui a été choisi par notre motion. Enfin, le choix de Marie Toussaint comme tête de liste a permis de dérouler l’ordonnancement de la liste, et c’est ainsi que Christian est maintenant 16e. Éligible ? Rien n’est moins sûr ! Une règle de calcul empirique permet de définir que 1% fait un·e élu·e. C’est donc la barre des 16% qu’il faut atteindre. On y croit !

La genèse du Sauvage remonte en réalité à 1972, une année où les thèses écologistes émergent dans la presse grand public, à la suite de plusieurs publications : l’année précédente, le rapport Meadows, “The Limits to Growth”, initiative du Club de Rome confiée au MIT. En janvier 1972, le manifeste d’Edouard Goldsmith, fondateur franco-anglais de la revue anglaise The Ecologist, titré “Changer ou Disparaître, Plan pour la survie”, est publié dans sa revue, puis diffusé en 17 langues à toute la presse mondiale, envoyé aux dirigeant·e·s du monde entier. Le livre sur la démographie, du professeur de Stanford, Paul Ehrlich, La bombe P, qui annonce en couverture que le monde aura 7 milliards d’habitant·e·s en l’an 2000, est publié en français par Les Amis de la Terre. En avril, à Paris, 10 000 cyclistes défilent sur les Champs Élysées pour protester contre la pollution de la voiture et l’urbanisation dédiée à la voiture. En mai, sort en plusieurs langues le livre de Barbara Ward et René Dubos Nous n’avons qu’une Terre. Ce livre contient le rapport qui sera utilisé pour le premier Sommet de la Terre à Stockholm, qui se tiendra en juin 72, avec 113 pays préoccupés de causes environnementales. En juin est publiée la déclaration finale du Sommet,  exemplaire de clarté, toujours adéquate cinquante ans plus tard.

C’est dans ce contexte, qu’Alain Hervé, un des principaux fondateurs du mouvement français des Amis de la Terre, pousse les gérants du Nouvel Observateur à publier un numéro “Spécial Écologie”. Ce numéro sort en juin avec le titre “La dernière chance de la Terre”. Le numéro aura un grand succès avec plus de 250 000 exemplaires vendus.

Forts du succès du numéro “Spécial Écologie” du Nouvel Obs de 1972, Alain Hervé et André Gorz convainquent Claude Perdriel et Jean Daniel de lancer un grand titre écologiste pour 1973, émaillé d’articles de fond, d’informations, de reportages et de BD. Le premier Sauvage sort en mars 1973, titré “L’utopie ou la mort”, un titre qui contient à la fois l’inquiétude face à l’avenir, mais aussi l’espoir et l’appel à imaginer d’autres futurs. Ce titre sera repris quelques mois plus tard par l’ingénieur agronome René Dumont, qui travaille dans de nombreux pays "en voie de développement”, comme on dit à l’époque.

À l'initiative de membres du Groupement de Scientifiques pour l'Information sur l'Energie Nucléaire (GSIEN) et de Global Chance, de médecins, d'enseignantes et d'enseignants, d'ingénieures et d'ingénieurs, d'universitaires, de chercheuses et de chercheurs… est lancé cet appel à refuser tout nouveau programme nucléaire, imposé et qui engagerait l'avenir de notre pays sur le très long terme.

Ainsi, Laurent Wauquiez, président de la Région AURA, et Renaud Muselier, président de la Région PACA, s’unissent avec la bénédiction du Président de la République pour promouvoir les jeux olympiques et paralympiques d’hiver dans nos montagnes… Après la condamnation de la France pour inaction climatique, voilà que la caution présidentielle viendrait à l’encontre des lois Zéro artificialisation nette (ZAN), et se moquerait des pénuries d’eau. Les JO entraînant, de fait, une accélération phénoménale du bétonnage de nos belles montagnes…

La liaison ferroviaire transalpine Lyon - Turin est un projet de ligne de chemin de fer mixte voyageurs/fret à travers les Alpes, entre la France et l'Italie. Oui, indispensable ferroutage ! Mais… Pas dans 30 ans, tout de suite ! Entre Lyon et Turin, aménageons les lignes existantes… Nous disons non à ce TGV inutile, pharaonique, écocidaire : plus de 200 km de tunnels… terres arables saccagées, sources taries… Et on aimerait bien qu'à EÉLV, celles et ceux qui ont l'oreille des médias dénoncent sans ambiguïté ce grand projet inutile.

Le 15 mai 2023, France 3 a eu le courage de présenter un témoignage glaçant sur les terribles conséquences des essais nucléaire dans les îles Polynésiennes. Nous savions que ces essais avaient eu lieu (193 tirs de 1966 à 1996), qu'ils avaient rendu inhabitables certaines îles, mais bien que parfaitement informé·e·s des conséquences néfastes d'une irradiation sur les êtres vivants (quelle que soit son intensité) avons-nous cherché à en savoir davantage ? Ce reportage est essentiellement une série de témoignages des victimes malgré elles, une gifle pour nous, les européen·ne·s, calfeutré·e·s dans nos certitudes et bonne conscience aveugle.

Un Rebelou est actif au sein de cette instance de 18 personnes chargée de préparer la réforme des statuts et du règlement intérieur d’EÉLV en parallèle des fameux États généraux. C'est notre ami rebelle à vélo Pierre Toulouse – tout beau, tout musclé, tout bronzé après être venu de l'Île-de-France jusqu'au Havre à vélo :-))

Après avoir audité 18 personnalités internes ou externes au mouvement sur les valeurs, la place de l’adhérent·e, le fédéralisme, les prises de décisions et les instances de régulation, le CSS a proposé une synthèse des appréciations recueillies. Ces propositions ont fait l’objet d’un premier tri entre celles qui, de l’avis unanime, sont “à prendre en compte” dans les réflexions ultérieures, celles qui pourraient être éventuellement travaillées car une majorité les trouve intéressantes, et celles qui doivent encore être discutées car elles font dissensus. Cette synthèse est présentée aux JDE. 

À la rentrée, le CSS deviendra le GRS (Groupe de Refonte Statutaire) en s’élargissant à la secrétaire nationale Marine et à quelques membres du comité de pilotage des EGE (auquel les rebelles n’ont pas été admi·e·s !). Commencera alors le vrai travail qui dira quelles seront nos valeurs de référence, quels seront les rôles des adhérent·e·s et des sympathisant·e·s, quel découpage géographique et statutaire, comment et par quels organes seront prises les décisions et par quelles instances elles seront contrôlées. Cette réforme sera soumise à référendum en février 2024 !

Les Rebelles défendront corps et âme les valeurs actuelles qui les fondent, comme le refus du nucléaire, la prise en compte de l’effondrement, une écologie résolument de gauche, l’éthique et la démocratie interne qui doivent donner un rôle accru aux adhérent·e·s, et le respect du fédéralisme.

Aujourd’hui la mer est verte,
la fenêtre est ouverte,
ils sont là les <<Verts >>.

[Michel]